Le pays à l’échelle d’un demi-continent voit s’épanouir sur son territoire les mêmes forces innovatrices que dans les autres régions du monde. BancoInter, BancoOriginal, Neon, Nubank et les autres proposent une alternative aux banques déjà établies, dans un contexte de faible bancarisation et de procédures bancaires encore trop archaïques. Le potentiel de disruption par les nouveaux acteurs – déjà très présents – est particulièrement important.
Avec une taille de marché considérable, la néo-banque Nubank détient aujourd’hui le plus grand nombre de client, soient 15 millions*, devant Revolut (7 millions), Chime (4 millions), N26 (3,5 millions) ou Monzo (3,1). Neon a, lui, 1,6 million de clients.
En Amérique du Sud, les activités bancaires concentrent une petite part des activités des fintechs – seulement 26 parmi les 1000 en exercice fin 2018 – 600 autres étant consacrées aux activités de prêt, de paiement ou de gestion des investissements. Le potentiel de croissance est immense puisque 70% de la population de la région (210 millions d’individus) est mal ou pas du tout bancarisée.
Une faible bancarisation
Au Brésil en particulier, 30% des adultes ne disposent pas de compte bancaire. Dans une secteur bancaire à forte concentration – 84,8% du marché des crédit est opéré par les cinq plus grandes banques du pays et 83,8% des dépôts – les banques font figure d’établissements distants et peu enclins à bien traiter les préoccupations quotidiennes des clients. Ainsi, l’accès à distance aux opérations courantes ainsi que la dématérialisation des procédures et les délais de traitement des opérations sont très en deçà de ce que peuvent proposer les nouveaux acteurs. 59% des non-bancarisés sont des femmes, 58% des individus ayant été à l’école secondaire ou supérieure et 68% ont accès à internet.
Si les agences se sont équipées – dans les grandes villes en particulier – de murs de DAB multiples (une dizaine de DAB dans certaines agences), beaucoup d’opérations nécessitent encore une visite en agence et, par voie de conséquence, une longue attente. Une difficulté qui touche en particulier les régions hors grandes agglomérations. 32% des brésiliens disposent d’une carte de crédit, 23% épargnent et 0,6% de la population seulement vont sur le Marché Financier brésilien (Brasil Bolsa Balçao). Plus de 71% des brésiliens paient en espèces.
Selon l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística (IBGE), 24,2 million de brésiliens sont auto-entrepreneurs, et une part importante de cette population travaille de façon informelle, comme vendeur dans la rue, fournisseurs de services domestiques, freelances, etc.
Le crédit non bancaire explose
Le Brésil est le deuxième pays au plus important spread de taux (après Madagascar), avec 32,2%, quand la moyenne mondiale est de 5,4%. Le crédit bancaire est ainsi extrêmement onéreux et freine les velléités entrepreneuriales et immobilières. Les activités de crédit à la consommation ont cependant connu un engouement certain ces dernières années, avec les mêmes caractéristiques que partout ailleurs pour ces marchés émergents : un endettement pour acquérir des biens de consommation, sans véritable réflexion individuelle sur la capacité de remboursement. L’éducation financière et budgétaire est, ici aussi, un besoin prégnant.
Un marché dopé par internet et le mobile
La faible bancarisation contraste avec l’usage d’internet et des smartphones au Brésil. 70% de la population utilise internet (127 millions d’individus), 97% des brésiliens accèdent à internet via leur téléphone cellulaire. Les transactions bancaires évoluent très fortement via le canal du mobile, passant de 9% en 2014 à 40% en 2018, quand les opérations en agence ou par internet ont décru de près de 40% (chacun) en 2014 à un peu plus de 20% en 2018.
Le marché compte aujourd’hui une centaine d’acteurs, dont 21 fintechs indépendantes (BPP, contavip, Neon, Linker, simples, N26, inter, Nubank, ATAR, C6BANK, PJBank, liftbank, contaum, xmare, SocialBank, Yet, BancoOriginal, pag!, cora, OCash), 20 fintechs en partenariat avec d’autres acteurs (sumup, PagBank, cielo, conto stone, modalmais, woop, next, pinbank, digio, banQI, magalu, Payly, mercadopago, EWALLY, aMe, digi+, CacauPay, contadigital, Carrefour), 37 acteurs traditionnels, 2 coopératives (Sicredi, BANCOOB) et 14 plateformes en marque blanche (agillitos, bank4, BBNK, bitcapital, Stark Bank, FitBank, acesso, 4all, liveOn, BTX, matera, swipe, pismo, SmartBank). Parmi les fintechs, 40% émettent des cartes Visa et 60% MasterCard.
Selon l’association bancaire – Febraban – les banques brésiliennes ont dépensé un peu moins de 100 milliards de dollars entre 2014 et 2018 en technologie, en Big Data/Anlytics, Intelligence Artificielle, Blockchain, Robotique et Open banking, tout à fait en ligne avec leurs consoeurs du reste du monde.
Conclusion
Ainsi, comme dans d’autres régions du monde, le mobile et l’avènement d’internet sont l’occasion de révolutionner l’accès des individus aux services financiers, en introduisant un parcours client fluide et facilité, ainsi que des services plus rapides et à moindre coût.
Portée par la banque centrale du Brésil, l’initiative de paiement instantané devrait être lancée en 2020 et permettra de promouvoir l’inclusion financière dans le pays.
* Les chiffres mentionnés ici sont extraits du rapport Digital Banking Current Scenario & Trends in Brazil, publié par fisher en 2019.