Le Financial Stability Board a publié mi-novembre son troisième rapport annuel sur le Système bancaire de l’ombre (ou Shadow Banking System -SBS, dans lequel il dresse un état des lieux dans 25 économies matures, y compris la zone euro. Le FSB y établit que l’intermédiation financière non bancaire a crû de 5000 milliards de dollars en 2012, pour atteindre un montant global de 71000 milliards de dollars.
Ils sont pour un tiers aux Etats-Unis et un tiers en Europe, 14% au Royaume-Uni, ainsi qu’au Japon, Chine, Brésil, Suisse, Corée, Canada, HK et Australie. Le SBS défini par le FSB recouvre principalement le financement hors de la zone régulée bancaire par dispersion du risque au moyen de la titrisation; sous cette forme, il se trouve principalement dans les pays avancés, tandis que les pays émergents, notamment en Chine ou en Inde, ont un « système bancaire de l’ombre » sous la forme d’une alternative non régulée à l’intermédiation bancaire. En d’autres termes, dans le premier cas, et en particulier en Europe, l’on assiste à une désintermédiation des banques, poussée par un renforcement drastique des exigences règlementaires post-crise et une innovation, notamment sur les moyens de paiement, qui fait émerger de nouveaux acteurs, non bancaires. A terme, on assiste à un phénomène qui pourrait ressembler à celui qu’à connu les Etats-Unis jusqu’en 2007, avec une réduction très conséquente de la part des actifs du « coeur » hautement régulé et en faveur d’une « périphérie » beaucoup moins régulée et vers laquelle ont été transférés les risques sans toutefois que soit rompu le lien avec le « coeur ». Dans le second cas, le SBS permettrait de pallier à ce jour l’incapacité du secteur bancaire à financer les besoins des agents économiques individuels selon certains. L’expérience montre que l’absence de régulation est source d’excès comme en témoignent les taux et conditions usuraires rencontrés dans la plupart des pays sans régulation ainsi que les bulles de financement immobilier hors « coeur » régulé aux Etats-Unis ou en Chine.
Mais la régulation est aujourd’hui un exercice périlleux, où des efforts trop appuyés (et efficaces finalement) pour réduire la taille des banques (aboutissant à une situation où ces dernières cherchent à ne plus être catégorisables comme « Too big to fail »), repoussent au-delà des frontières du régulé un volume toujours plus important d’actifs financiers. Si les régulateurs n’ont pas éludé la nécessité de sa régulation, l’ouvrage est d’ampleur puisque, par définition, l’on part de beaucoup plus loin. L’intérêt des régulateurs et superviseurs bancaires ne fait pas nécessairement celui de ceux du système financier dans son ensemble. Et du contribuable in fine.